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Pour la première fois, l’Ethiopie a une femme présidente
Sahle-Work Zewde a été désignée à l’unanimité par les parlementaires, en remplacement du président démissionnaire Mulatu Teshome.
Le Monde avec AFP Publié le 25 octobre 2018 à 12h21 -
La présidente éthiopienne, Sahle-Work Zewde à sa sortie du Parlement, à Addis-Abeba, le 25 octobre. EDUARDO SOTERAS / AFP
Les parlementaires éthiopiens ont désigné, jeudi 25 octobre, à l’unanimité et pour la première fois une femme, Sahle-Work Zewde, présidente du pays, après la démission de celui qui occupait jusqu’à présent ce poste essentiellement honorifique.
La diplomate de carrière devient la quatrième cheffe de l’Etat en Ethiopie depuis l’adoption de la Constitution de 1995. Ce texte prévoit qu’un président peut être élu pour un maximum de deux mandats de six ans.
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Sahle-Work Zewde était jusque-là la représentante spéciale du secrétaire général des Nations unies (ONU), Antonio Guterres, auprès de l’Union africaine (UA). Auparavant, elle avait été ambassadrice en France, à Djibouti, au Sénégal, et la représentante permanente de l’Ethiopie auprès de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), le bloc régional est-africain.
Une fonction honorifique
Avant de désigner la sexagénaire, les deux chambres du Parlement ont entériné la démission du président Mulatu Teshome, qui occupait cette fonction depuis 2013. Aucune explication n’a été fournie pour cette démission, mais les observateurs estiment qu’elle résulte de négociations en cours entre les quatre partis formant la coalition au pouvoir, le Front démocratique révolutionnaire du peuple éthiopien (EPRDF).
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Le président d’Ethiopie est officiellement le chef de l’Etat, mais ses responsabilités sont essentiellement symboliques et honorifiques. L’essentiel du pouvoir est aux mains du premier ministre, qui représente notamment le pays dans les grands sommets internationaux. En avril, l’EPRDF a choisi Abiy Ahmed comme nouveau premier ministre, pour la première fois issu du plus grand groupe ethnique du pays, les Oromo.
Abiy Ahmed a depuis entrepris un vaste programme de réformes, incluant la libération de dissidents, une ouverture de l’espace démocratique ainsi que la paix avec l’Erythrée voisine. Il a récemment nommé un nouveau gouvernement, dans lequel la moitié des postes sont occupés par des femmes. Mulatu Teshome, également issu de l’ethnie oromo, a démissionné un an avant la fin de son mandat.
Le 17 décembre 2016, le gouvernement éthiopien a inauguré le barrage Gilgel III, le plus haut d’Afrique avec ses 243 m. Il est associé à une centrale hydroélectrique de 1 870 MW qui a commencé à produire depuis 2015. Les conséquences écologiques ainsi que les changements de modes de vies qu’il a déjà engendrés auprès des populations locales est considérable. L’UNESCO et l’ONG Human Right Watch avaient appelé en vain à une cessation immédiate des travaux.
Barrages hydroélectriques, fermes éoliennes, champs de panneaux solaires et géothermie : Addis Abeba déploie depuis plusieurs années un programme à marche forcée. Le gouvernement déclare vouloir assurer son indépendance énergétique et réduire le recours aux énergies fossiles que l’Ethiopie importe aujourd’hui en totalité[1]. L’Ethiopie s’est fixé pour objectif de rejoindre les pays émergents d’ici dix ans sans émettre une tonne supplémentaire de CO2.Cependant, il faut ajouter qu’il veut aussi vendre l’électricité produite aux pays voisins et être le grand fournisseur d’énergie de la corne de l’Afrique.
Cette énergie ne profite que peu aux populations rurales qui n’ont pas les moyens de se raccorder au secteur.
Cette inauguration intervient dans un contexte de révoltes et manifestations. Depuis plusieurs mois, les Oromo et les Amharas, les principales ethnies du pays manifestent
pour y dénoncer l’expropriation des propriétés à l’occasion des gigantesques chantiers dans la capitale, l’accaparement des terres agricoles par des sociétés étrangères et par l’Etat,
sans indemnisations ou compensations suffisantes, sans mettre en œuvre des solutions pérennes en concertation avec les populations concernées.
Le 9 octobre 2016, le gouvernement de Hailemariam Desalegn a décrété l’état d’urgence. Il a cruellement réprimé les manifestations pacifiques, faisant plusieurs centaines de morts. Les réseaux sociaux ont été coupés. Les chaines de télévisions Esat et OMN, toutes deux basées en dehors du pays, et qui dénoncent régulièrement les dérives du gouvernement, sont interdites de diffusion car considérées comme outils de propagande terroriste. Le leader de l’opposition Oromo, le docteur Merera Gudina, a été arrêté ainsi que Bekele Gerba et plus de 24 000 personnes ont été emprisonnées arbitrairement, dont de nombreux journalistes, des syndicalistes. Ces personnes sont incarcérées dans des camps militaires et sont victimes de mauvais traitements et de tortures. Cependant l'Ethiopie a annoncé en décembre la libération de 9.800 personnes[2] détenues pour leur participation aux manifestations anti-gouvernementales[3].
LA SUITE SUR :
http://allaingraux.over-blog.com/2016/12/l-ethiopie-en-decembre-2016.html
[1]http://www.lemonde.fr/afrique/article/2015/06/12/climat-l-ethiopie-montre-l-exemple_4653035_3212.html#P1AMsyruxywWVZJ1.99
[2]22-12-2016 - L'Ethiopie libère des milliers de détenus – Félix Horne - Human Right Watch
[3]https://translate.google.com/translate?depth=1&hl=fr&prev=search&rurl=translate.google.fr&sl=en&u=https://www.hrw.org/about/people/felix-horne
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